Expositions aux toxiques environnementaux pendant les 1000 premiers jours

Les 1000 premiers jours de vie, de la période pré-conceptionnelle jusqu’à l’âge de 2 ans, jouent un rôle essentiel dans le développement de l’enfant. Cette période est maintenant reconnue comme une fenêtre de sensibilité à l’environnement au cours de laquelle se construit le capital santé de chacun, et pour toute la durée de sa vie. La qualité des interactions précoces parents-enfant et des liens d’attachement, des facteurs éducatifs (sommeil, exposition aux écrans), le mode de vie des parents (alimentation, exposition aux facteurs stressants psycho-sociaux, activité physique), le type d’alimentation de l’enfant, ou l’exposition à des substances toxiques, sont autant de facteurs environnementaux susceptibles de laisser des empreintes durables sur la santé de l’enfant et sur celle des générations futures. Cette « programmation » précoce et durable des principales fonctions biologiques sous l’effet de l’environnement, plus encore que sous l’effet du génome, est à la base du concept de l’origine précoce de la santé et des principales maladies chroniques, non transmissibles, de l’adulte : obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires, respiratoires, inflammatoires et dysimmunitaires, troubles neuropsychiques.

L'exposition aux toxiques est particulièrement élevée en France, en particulier pour plusieurs types de perturbateurs endocriniens, comme certains phtalates presque omniprésents. Ces expositions précoces sont associées à un risque accru de troubles du neurodéveloppement, dont les mécanismes sont encore mal élucidés. Ils impliquent en partie la maturation des fonctions gonadotropes. Dans des conditions physiologiques, les neurones GnRH sont en place et actifs à la naissance. Après leur activation initiale à la minipuberté, ils deviennent silencieux pendant l'enfance pour se réveiller pendant l'adolescence, marquant le début de la puberté. Des niveaux élevés de FSH à la minipuberté, impactent l’organisation et la maturation du réseau neuronal, contribuant ainsi au risque des troubles du développement neurologique.

La prévention vise avant tout à réduire les expositions pendant cette période sensible des 1000 premiers jours. Pour que les approches préventives soient efficaces, il faut poursuivre l’identification des substances toxiques présentes dans l’environnement des femmes enceintes. La prévention passe aussi par l’information des parents et des mères qui désirent commencer une grossesse, des risques potentiels liés à leur exposition aux substances toxiques (ainsi que plus tard celle de leur enfant) sur leur lieu de travail et à leur domicile. Mais l’information ne suffit pas pour faire évoluer les comportements. Une meilleure compréhension des leviers et des obstacles est nécessaire au changement de comportement des femmes enceintes et des jeunes parents afin d'approfondir la complexité des déterminants des comportements de santé. Ils dépendent des normes sociales, de la pression marketing subie par les femmes enceintes, de leur comportement de recherche de conseils, de l'influence des médias de masse et le rôle de facteurs psychologiques tels que l'image corporelle et l'estime de soi. Par exemple, il existe des liens étroits entre la consommation de cosmétiques et les normes sociales en matière de santé et de beauté, ainsi que le rôle actif joué par l’industrie des cosmétiques dans l'augmentation de la consommation de cosmétiques.